L'apnée, monde des sens !

Publié le par MONDEBLEU


J'aurais certainement du commencer par le commencement. C'est à dire, vous dire pourquoi je plonge, qu'est ce que je recherche, que cela m'apporte t'il, qu'y a t'il au fond, pourquoi je remonte, autant de questions auxquelles je vais essayer de répondre du mieux que je peux.
Je distinguerai pour cela l'apnée compétition de l'apnée loisir. Pour la première, il s'agit de la recherche pure de la performance, qui de ce fait occulte le plaisir pour rentrer dans une zone de souffrance en fin d'apnée. Tenir sa respiration et se relâcher toujours encore jusqu'au point limite de non conscience. (période pendant laquelle je ne suis plus capable de réfléchir correctement). Ma priorité sera de bien me connaître et de juger si je suis capable de continuer, si tel n'est pas le cas alors il faut se décider à remonter. Je dis bien décider, car cela nécéssite d'avoir un jugement, un jugement que je ne suis peut être plus à même de mener à bien, tellement je suis grillé par l'apnée.
Ne plus avoir de jugement, c'est courir le risque gravissime de perdre connaissance ou plus communement appelé syncope dans le jargon apnée.

Si de ce fait l'apnée compétition se distingue de l'apnée loisir par la recherche de la performance et donc des risques inhérents d'une telle pratique, il n'en demeure pas moins que l'apnéiste encoure toutefois des risques même dans le cadre d'une pratique loisir.

En effet, en mer, l'apnéiste est soumis à une pression graduelle au fur et à mesure que l'on descend profond. Pour exemple, la pression à moins 10 mètres est de 2 bars (1 bar atmosphérique+1 bar tout les 10 mètres). Son volume pulmonaire s'en trouve divisé par deux.
Néanmoins si l'apnéiste quand il plonge ne ressent pas tout de suite les effets de la pression car trop peu habituer à écouter son corps ou omnibulé à compenser ses oreilles, les effets de la pressions sont présents. On parle alors de physiologie de l'apnée. Sans trop rentrer dans les détails, le corps lorsqu'il plonge subit des modifications physiques (écrasement de la cage thoracique, compensation des oreilles du à la pression) et physiologiques (modifications de la pression partielle O2 et CO2). Ces échanges induisent des adaptations biologiques de l'organisme mais aussi l'incite à se mettre en veille (syncope) lorsqu'il se sent trop agréssé (dégradation dans le sang de l'oxygène ou élévation anormal du gaz carbonique).

L'apnée c'est d'abord être à l'écoute de soi et pour cela, pas besoin d'aller loin ou profond. A la condition d'être encadré, une simple apnée statique en surface sufit à sentir le bien être, ce moment ou vous faite abstraction du monde terrestre, de son agitation, les bruits s'amenuisent, tu te détaches, c'est la plénitude. Un moment pendant lequel tu n'a pas envie de respirer, tu es relâché et oublies jusqu'au moment où ton corps demande à respirer. C'est généralement là qu'intervient la rupture de l'apnée pour un débutant et marque également la différence avec l'apnée de compétition où le corps ne fait plus que demander mais à besoin d'air pour vivre.
Je m'en tiendrai juste à vous sensibiliser sur ce que procure l'apnée dite de "confort".

Au delà du pur aspect physique et performance, l'apnée me conduit à rechercher l'écoute de mon corps et analyser les informations, temps d'immersion, température de l'eau, pression, équilibration des tympans, palmage, fréquence, glisse, flotabilité, souplesse.
La clef d'une bonne apnée selon moi, c'est lorsque je sens et maitrise tous ces paramètres. Ainsi, je plonge pour mieux me connaitre et m'explorer par l'écoute et la raison. Ne jamais se mentir à soi-même est l'une des règles fondamentales en apnée et les risque encourus (samba, syncope, noyade) si mes limites étaient dépassées sont graves pour la santé.
Par conséquent, le meilleur est encore de pratiquer l'apnée régulièrement dans un club qui connait l'apnée  et de faire le bilan physique, physiologique et psychologique.
La vie que je mène et plus particulièrement mon entourage ont une influence inéluctable qui conditionne mes apnées. Si je suis stressé, mon apnée sera dure sans même avoir su trouver le relâchement nécessaire, à contrario, si je suis détendu, j'aurai tendance à m'évader, me détendre pour oublier le temps et modifier la perception que j'en ai. En effet, nous sommes régis constamment par le temps, métro, boulot, dodo. Notre corps le mémorise, hors en fin d'apnée, il y a une phase que j'appelerais zone rouge où le corps ne réagit plus correctement car l'organisme subit pendant l'apnée des modifications d'ordres physiologiques. La saturation du sang celui-là même qui alimente notre cerveau en oxygène est au plus bas alors que celle du gaz carbonique est au plus haut. Il en résulte une altération du temps mais pas seulement, il y a aussi altération plus générale du toucher, de la motricité, la parole.
Il était important pour moi de faire comprendre au lecteur en premier les dangers de l'apnée pour ainsi mieux la pratiquer et l'expliquer aux autres.
Cela étant dit, l'apnée et le contrôle du souffle qui vont de paire sont l'une des clefs vers la découverte de soi et nous offrent l'émerveillement à l'état le plus pur.
En mer, c'est la découverte des fonds sous-marins qui me motive à plonger. Avec pour seul équipement muni de palme, masque et tuba c'est la possibilité de s'émerveiller devant des poissons, s'allonger au fond sur la sable et faire un concours de bulle avec ses amis, fermer les yeux tout simplement au fond et sentir l'écrasement, la pression qui vous étreint sans vous faire de mal mais juste pour rappeler à l'homme qu'il n'est pas poisson et qu'il doit remonter vers la surface.
Cette surface que je regagne à regret mais me donne l'envie de replonger tout de suite pour retrouver le monde des sens, le monde bleu. C'est ça l'apnée, cette volonté inextricable de retourner comme à nos origines, on est si bien!

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