Objectif cétacé!

Publié le par MONDEBLEU


Jusqu'à présent, l'apnéiste nous paraissait être le meilleur modèle possible d'homo aquaticus. Tout comme l'homme invisible ou le mort vivant, l'homo aquaticus est un personnage de la littérature fantastique. On l'imagine comme une sorte de mutant mi-homme, mi-poisson. La science pourrait-elle un jour lui donner une réalité biologique ?

Des recherches ont été effectuées dans ce sens par le passé. Des biochimistes américains ont imaginé un petit appareil de filtrage de l'eau pour capturer les minuscules bulles d'air en solution, sans le résultat escompté. Si l'homme peut emporté son comburant avec lui, en revanche, nous ne sommes pas capables comme les poissons de respirer directement l'air dissout dans l'eau.
L'actualité nous prouve que ce n'est pas demain que l'homme pourra évoluer dans l'eau sans revenir à la surface. L'US Navy utilise pour sa part des dauphins dressés pour combattre notamment pendant la guerre du golf, détecter des mines, filmer, garder des infrastructures. Moins coûteux en vie humaine et doté d'une intelligence redoutable l'armée américaine a préféré orienter ses recherches sur les programmes guerriers en utilisant les animaux (chiens, dauphins, bélugas)
On en déduit que soit les recherches ont été abandonnées par manque de résultats, soit elles se poursuivent en grand secret dans les laboratoires militaires.

A vrai dire, l'histoire parait improbable. Il faut savoir que nos besoins en oxygène dépassent de beaucoup ceux des poissons. Nous sommes des animaux à sang chaud et l'entretien des fonctions vitales exige un apport conséquent d'énergie. Même après 65 millions d'années passées dans l'eau, les mammifères marins ont conservé l'habitude de respirer à la surface.

Par conséquent, nous faisons fausse route à vouloir vivre sous l'eau. La vraie question, c'est comment pouvoir tenir plus longtemps sous l'eau ?
En effet, l'apnéiste quand il plonge semble ostensiblement se rapprocher physiologiquement du manchot ou de l'otarie, car des études ont prouvé ce rapprochement sensible quant à l'homme immergé en profondeur.
L'objectif cétacé n'est donc pas si loin à en regarder de près les derniers records d'apnée. Loic Leferme a plongé avec une gueuse à moins 171 mètres, l'allemand Tom Sietas a retenu sa respiration pendant 8min58s, le vénézuelien Carlos Coste est allé se balader à moins 105 mètres juste à la seule force de sa monopalme. Des profondeurs que nos voisines les otaries atteignent somme toute aisément voir plus.

Dans sa quête de vie sous-marine, l'homo aquaticus serait donc mieux inspiré de copier le mode de vie des cétacés plutôt que de se perdre en vaines tentatives de ressembler à un poisson.
Tout d'abord, il nous faudra accroître notre volume sanguin jusqu'à ce qu'il représente 15% du poids du corps comme c'est le cas pour les dauphins. Cela signifie un gain entre 4 et 8 litres. En conséquence, il nous faudra développer une multitude de petits vaisseaux de manière à canaliser cette quantité en plus. Un petit traitement à base d'érythropoïétine (EPO) nous permettrait d'égaler si ce n'est pas dépasser nos voisins des mers. Enrichir le sang en hémoglobine pour faciliter le transport de l'oxygène, rehausser le taux de myoglobine pour le diffuser dans le muscle jusqu'à obtenir la belle couleur rouge vif. Nous devrions également absorber d'énormes quantités d'acide lactique, en mode anaérobie (organisme vivant en déficit d'oxygène) c'est le déchet fabriqué par un processus appelé glycolyse. Le peut d'apport d'oxygène nécessaire à l'organisme ne suffit plus et de ce fait converti le glucose présent dans le sang pour fournir l'énergie nécessaire.

La vie facile à l'air libre nous amène à ne jouer que sur 10 ou 15% du volume total de nos poumons à chaque cycle d'inspiration-expiration. Par comparaison, les cétacés sont capables d'un renouvellement de l'ordre de 80 à 90%, ce qui leur permet de respirer dix fois moins souvent que nous. Leur secret ? Une plus grande mobilité de la cage thoracique. Nous, les humains sommes limités dans le mouvement d'ouverture par l'attache au niveau du sternum. Pour cela, pas de problème, un peu de chirurgie et un découpage de la poitrine pour se transformer en cétacés. La souplesse et la mobilité une fois acquise nous faciliteront d'une part à mieux oxygéner le sang et d'autre part notre corps pourra mieux se modeler quand la pression deviendra oppressante.
La seule vraie relation commune entre terriens et cétacés, c'est le ralentissement du rythme cardiaque lorsque ceux-ci sont soumis à une pression hydrostatique celle-la même qui nous étreint en profondeur. C'est physiologiquement naturel, plus la pression augmente à mesure que l'on descend plus profond, le sang afflue vers les organes nobles comme le cœur ou le cerveau comme pour mieux les alimenter. Un phénomène connu par tous les apnéistes aguerris aux grandes profondeurs.

La meilleur analyse, c'est encore de constater l'évolution de l'apnée moderne et ses records. Certains exploits paraissent tellement extraordinaires qu'on se demande si ces apnéistes n'ont pas déjà entamé leur métamorphose cétacée. Mieux informer et donc mieux entraîner, certains ont franchi des caps que jusqu'alors personne ne croyait possible. De quoi faire réfléchir plus d'un medecin, comme le spécialiste en physiologie marine, Dr François Cabarrou soutenait que nos organes seraient irrémédiablement écrasés par les forces hydrostatiques au-delà de 50 mètres de profondeur.
Enzo Maiorca, qui contre toute attente et malgré l'interdiction des médecins de plonger au-delà des 50 mètres, aura été le premier a franchir la barre et sans problème de santé.

Néanmoins, cette quête a fait oublier à certains des consignes de sécurité à ne pas outrepassées. L'histoire de l'apnée et de l'aventure sous-marine fut terni par la mort d'apnéistes pourtant chevronnés. Dans les années 90', juste après la sortie du « grand bleu », l'apnée connu son heure de gloire et avec elle ses détraqués. Des fous attirés par la profondeur reproduisant ce qu'ils avaient vu en méconnaissant les principes physique, physiologique et psychologique inhérents à la plongée en apnée.
L'apnée mondiale aurait très bien pu ne jamais s'en remettre, s'en le travail d'un petit groupe d'apnéistes niçois passionnés et raisonnés. Un travail au rayonnement international (Association international pour le développement de l'apnée) qui depuis porte ses fruits par l'encadrement des jeunes, les stages, l'organisation des records et l'élaboration de règles de sécurité strictes.
Pour obtenir le statut d'homo aquaticus, il ne suffit évidemment pas de survivre dans l'eau. Il faut aussi pouvoir se déplacer et jouir d'une certaine liberté. Ce qui implique d'utiliser 2 ou 3 de nos cinq sens. L'ouie comme le toucher doivent en quelque sorte faire l'objet d'un réapprentissage et dans ce domaine là encore, nous partons avec un gros handicap par rapport aux cétacés capables d'entendre des ultrasons jusqu'à 200.000 voire 300.000 hertz alors que nous sommes sourds au-delà de 16.000 hertz.
Il nous faut trouver un moyen de communication, si la parole est inutile sous l'eau, la gestuelle semble moins adaptée car nous priverait de la faculté à se maintenir en flottabilité à la surface ou nager efficacement. A nous de créer un mode de communication similaire à celui des chauve souris ou des dauphins.
Encore une fois, notre réciprocité avec l'otarie fait l'unanimité, celui qui plonge pour se nourrir et non pas pour y vivre.

 

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